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Faut-il plus de protectionnisme ?
Pascal Lamy et Henri Guaino.
Marc Chaumeil/Divergence Afin de Notre Croix
Pour Henri Guaino, les limites du libre-echange seront ressenties partout dans le monde occidental.
Marc Chaumeil/Divergence pour Notre Croix
Pour Pascal Lamy, votre n’est pas le protectionnisme qui protege, mais le social, l’education, la formation
Marc Chaumeil/Divergence pour J’ai Croix
Est-ce la fin d’une mondialisation ? Jusque-la, les dirigeants des principaux pays developpes presentaient un front uni face a la montee des contestations dans les pays occidentaux et au ralentissement des echanges mondiaux. Tous reaffirmaient, a chaque sommet international, que le libre-echange restait le meilleur moyen de relancer une economie enkystee depuis la grande crise financiere de 2008.
Mais l’election de Donald Trump a J’ai presidence des Etats-Unis a change la donne. Notre 18 mars, au cours du dernier G20 Finances de Baden-Baden, en Allemagne, le nouveau secretaire d’Etat americain au Tresor, Steven Mnuchin, a commande ses homologues a rebrousse-poil en faisant retirer du communique final l’habituelle condamnation du protectionnisme.
Serait-ce le signe que des Etats-Unis ont decide d’eriger de nouvelles barrieres a leurs frontieres ? C’est ce que laisse entendre le nouvel occupant d’une Maison-Blanche, avec son projet de « Border Adjustment Act » qui surtaxerait les produits etrangers Afin de couvrir les entreprises et l’emploi americains.
Pour ou contre la mondialisation ? En France aussi le debat divise l’opinion, et les candidats a la presidentielle. Avec d’un cote les defenseurs d’une souverainete ramenee aux frontieres nationales, de Marine Le Pen a Jean-Luc Melenchon en passant avec Nicolas Dupont-Aignan. Et, de l’autre, les partisans d’un liberalisme plus ou moins encadre – Benoit Hamon, Francois Fillon, Emmanuel Macron.
Mes premiers n’hesitent gui?re a proner, si https://datingmentor.org/fr/chatstep-review/ necessaire, une sortie de l’Union europeenne Afin de mieux defendre les interets nationaux. Mes seconds estiment que l’Europe est une chance pour la France plus qu’une menace. Ouvert ou ferme : 2 visions du monde qui depassent le traditionnel clivage gauche-droite et que l’election presidentielle va devoir trancher.
Henri Guaino, depute LR des Yvelines et Pascal Lamy, directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entre 2005 et 2013 debattent des apports et des limites du libre-echange.
Rompant avec des decennies de politique americaine, Donald Trump se declare a la fois contre le libre-echange et contre le multilateralisme. Est-ce le commencement d’une nouvelle ere ?
Henri Guaino : « Oui. Pour le meilleur ou pour le pire. Concernant le meilleur s’il s’agit de remettre en cause votre derive qui possi?de concernant finalite l’aplatissement du monde : un grand marche ou la totalite des pays devraient avoir analogues regles, institutions, voire gouts. Elle se heurte a la realite des nations et des identites. Cela nourrit chez nos peuples le sentiment qu’on veut les empecher de selectionner leur contrat social, leur modele politique, economique et culturel.
Cela s’ensuit une hurle democratique lequel pourra deboucher concernant des reactions fortes comme le Brexit ou l’election de Donald Trump. Si l’on neglige ces mouvements de fond, les crispations nationale et identitaire, nos souffrances sociales deboucheront sur 1 protectionnisme dur. Et ce va i?tre pour le pire.
Pascal Lamy : « Notre politique de Donald Trump se resume en une formule : « L’Amerique d’abord ». Je crains le national capitalisme. Le nationalisme en priorite, on sait ou cela mene : a Beyrouth.
A l’inverse, la croissance, l’essor, la reduction d’la pauvrete vont pouvoir etre facilitees par l’adoption de normes communes. Certains problemes – jamais l’ensemble de – doivent etre traites vis-i -vis mondial. Et lorsqu’on parvient a des convergences, i§a produit du bien etre.
Comment est-on passe en des annees d’une mondialisation « heureuse » a une contestation Sans compter que qui plus est forte en Occident ?
P. L. : Je n’ai jamais ete l’apotre d’une mondialisation « heureuse ». Comme Janus, elle offre un visage souriant quand elle permet de reduire la pauvrete. Mais elle a aussi un aspect grimacant avec l’augmentation des inegalites.
Les mecanismes de protection sociale qui permettaient jusque-la de limiter, en Occident, les effets negatifs du capitalisme de marche paraissent devenus moins operants, en raison d’la vitesse et de la force du developpement de la globalisation.
Cela n’est jamais surprenant que cette defiance s’exprime d’abord dans les pays ou les systemes de securite sociale seront nos plus faibles, les Etats-Unis et, en Europe, la Grande-Bretagne.
H. G. : afin que l’ouverture soit acceptable, il faut que les gagnants indemnisent, bien en part, nos perdants. Sinon, on suscite votre revolte. On ne peut plus se contenter d’expliquer a toutes les Occidentaux que leurs souffrances ont pour contrepartie l’amelioration du sort des autres peuples.
Malgre l’existence d’« amortisseurs sociaux », les Francais jugent negativement la mondialisation. Y a-t-il une exception francaise ?
P. L. : La France reussit, globalement, autant que d’autres Europeens dans la mondialisation. Neanmoins, nous avons tendance a diaboliser le monde. Deux tiers des Francais considerent l’economie marketing comme 1 danger. Et le propos politique entretient une telle exception.
Trois. G. : On ne diabolise jamais l’univers en constatant nos limites du libre-echange et du capitalisme financier. Elles sont ressenties partout dans un monde occidental en train de perdre son statut de puissance.